Historique de la Chapelle de BLANZEY.

C'est au 10° siècle, qu'apparaît pour la première fois le nom de BLANZEY. En 965, Saint Gérard confirme des biens donnés à l'abbaye de Bouxières aux Dames et cite une "capella de Blanziaco". Il. fut évêque de Toul de 963 à 994 où il construisit la première cathédrale romane.

Un siècle plus tard, l'évêque Pibon (1069/1107) rédige une charte dans laquelle la "villa de Blanzeio" est nommée comme dépendance de la paroisse de Dommartin sous Amance. Le terme "villa" désigne à cette époque une exploitation agricole.

En 1162, l'abbesse Gertrude de l'abbaye de Bouxières aux Dames donne l'église de BLANZEY, à l'abbaye de Sainte Marie au Bois près de Pont-à-Mousson ( commune de Vilcey sur Trey). Cette abbaye, obéissant à la règle de Saint Augustin, eut un rayonnement exceptionnel en Lorraine. Ce sont les prémontrés de Sainte Marie au Bois qui fondèrent l'abbaye de Sainte Marie Majeure à Pont-à-Mousson et son université.

L'Evêque de Toul, Henri de Lorraine, confirmera cette donation. Dans le même temps le duc Mathieu 1er (qui est le neveu de l'évêque de Toul) fait donation du fief qu'il tenait à BLANZEY.

Six ans plus tard, en 1168, il donne l'alleu de BLANZEY aux prémontrés.

La famille ducale a tenu un rôle important dans l'établissement des prémontrés en Lorraine. Simon 1er est considéré comme le fondateur de Sainte Marie aux Bois, à proximité de son château de Prény. Nous venons de voir que son frère Henri, l'évêque de Toul fut favorable à la donation de 1162 et que son fils Mathieu 1er fit également d'importantes donations.

L'alleu de BLANZEY appartenait au père de Simon 1er, le duc Thierry II (1070/1115) qui l'avait donné une première fois à l'abbaye de Saint Epvre de Toul. ...au soleil couchant.

Avec le concours des barons du pays, qui abandonnaient l'un l'avouerie, les autres leurs parts sur l'alleu, un vaste domaine rural fut ainsi constitué autour de la chapelle de BLANZEY.

Le duc de Lorraine montrait ainsi sa présence au puissant comte de Bar qui, de son château d'Amance, empiétait sur les biens du prieuré.

En 1177, la duchesse régente veuve de Mathieu 1er ,(Berthe de Souabe, sœur de l'empereur Frédéric 1er Barberousse) confirme la donation de l'alleu de BLANZEY, et tous les serfs attachés à la culture, avec le consentement de ses fils Mathieu, Thierry, Simon et Ferry, tels que l'avaient possédé Simon 1er et Thierry II père et aïeul de Mathieu 1er, sans réserve et libre de toute servitude, en particulier l'obligation de recevoir et nourrir les chasseurs du prince qui avaient l'habitude de loger dans ce lieu avec leurs chiens.

Le père Benoit Picard, auteur du Pouillé du diocèse de Toul, dit que " Blanzée était autrefois le Chinier des chiens de chasse des ducs de Lorraine", selon Auguste Digot l'examen des diverses chartes prouve que ce savant religieux s'est trompé et que BLANZEY était un hameau, dans lequel se trouvait une "villa" faisant partie du domaine ducal.

La seconde moitié du 12ème siècle fut marquée, sous l'influence de Saint Bernard, par de nombreuses croisades en Terre Sainte. Pour s'acheter les faveurs du ciel et les prières des religieux, les croisés faisaient preuve, avant leur départ, de nombreuses prodigalités. Le comte de Bar, Henri 1er ne fut pas en reste. Il exempta, en 1180, les religieux de Sainte Marie aux Bois de l'imposition injuste en blé, vin et charruage que ses hommes d'Amance exigeaient sur ceux de la "curia de Blanxiis". Il en profita pour prendre BLANZEY sous sa protection et accorda aux religieux toutes sortes d'aisances. (Il ne devait pas revenir de la croisade, il mourut à Saint Jean d'Acre en 1190). Les religieux avaient le droit de faire paître leurs troupeaux, tant dans les plaines que sur les montagnes, tant dans les champs que dans les forêts, et de prendre le bois mort. Dans le cas où les troupeaux auraient commis des dégâts, soit dans les terres, soit dans les prairies, les religieux se borneront à réparer les dommages, mais ne seront condamnés à aucune amende.

Toutes les donations que nous venons de citer, sont confirmées en 1182 par le pape Lucius III .

A cette date le prieuré n'existait pas encore, ce domaine n'était qu'une simple dépendance rurale de l'abbaye de Sainte Marie; les prémontrés de Sainte Marie aux Bois le fondèrent à la fin du 12ème siècle et il fut d'ailleurs leur unique filiale.

Mais selon toutes les probabilités, la fondation et la construction du prieuré sont de peu de temps postérieures à la bulle du pape Lucius III .

Un siècle plus tard, le duc Ferry III fit de nouvelles donations, il avait causé quelques dommages à l'abbaye de Sainte Marie aux Bois et il allait partir en croisade... Il céda plusieurs terrains proches de BLANZEY dont des vignes situées au dessous du monastère (1283). Il confirma ces donations en 1286, à la demande de Thierry, abbé de Sainte Marie au Bois.

Et lentement la vie s'écoula sans qu'aucun événement marquant ne vienne troubler l'histoire de BLANZEY. A une époque, à ce jour inconnue, le prieuré fut réuni à la mense abbatiale de Sainte Marie au Bois qui cessa d'y entretenir une communauté de religieux. BLANZEY demeurait cependant une dépendance rurale de l'abbaye-mère.

A la fin du 17ème siècle, le revenu était évalué à 3000 francs. Cette prospérité permit d'importantes transformations, à la chapelle et aux bâtiments attenants. BLANZEY, qui faisait partie de la communauté de Bouxières aux Chênes, jouissait des droits de haute justice, et se trouvait dans le ressort du bailliage de Nancy et de la Cour souveraine de Lorraine.

A la Révolution, l'ensemble des propriétés fut divisé et vendu comme bien national. L'église passa entre différentes mains. Elle était partagée entre deux ou trois propriétaires. La nef fut transformée en cabaret, tandis que la crypte servit de bougerie. Vers 1840, l'église fut rendue au culte. Il fallut attendre beaucoup plus tard pour que la crypte revienne à un usage religieux. Ce n'est qu'en 1956 que les deux parties du sanctuaire furent à nouveau réunies.

 

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